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Le Jeu de Peindre : 1946-2076, Chapitre 1
Le Jeu de Peindre : 1946 – 2076, présentation
Rien ne change : on mute
La Lisière est en pleine mutation. D’habitude, elle évolue constamment, cette année elle mute. Oui, depuis cette fameuse loi pour lutter contre les séparatismes, il y a un grand bouleversement.
Parmi les non-scolarisés il y a la peur, la colère, ceux qui fuient, ceux qui renoncent, ceux qui continuent, pas trop rassurés quand même, et tous ceux, étonnamment nombreux, qui arrivent parce qu’ils sont convaincus que leur vie va pouvoir continuer ainsi, peut-être à raison, ou parce qu’il faut en profiter jusqu’au dernier moment. Parmi les scolarisés, il y a tous ceux qui même s’ils sont à l’école sont en fait à la porte de celle-ci et de la société, pas par choix mais par une sorte de fatalité, parce qu’il n’y a pas de moyens, pas de temps, parce qu’ils ne comprennent pas ce qu’on attend d’eux et qu’ils ne savent même plus qu’ils auraient pu apprendre autrement, avec plaisir.
L’inattendu
Cet article est inattendu. Au départ, j’avais l’intention d’écrire quelques mots pour faire part des vœux de l’Éclos pour cette nouvelle année, puis c’est devenu un texte, mais il y a aussi des vœux (tout à la fin) !
Alors, en route pour l’inattendu…
Celui qui entre ici quitte tout et plonge dans une autre vie pour en ressortir, après un laps de temps prévu, plus fort, plus accompli. Si l’acte de tracer qui a lieu ici n’aboutit pas à une œuvre, il n’est pas sans conséquences. Car il produit l’éclosion de la personne. (1)
Il y a quelques années, des phrases comme celles-ci, écrites par Arno Stern à propos de l’atelier, me faisaient rêver. Lorsque j’ouvris l’Éclos en 2014, elles me portaient.
Puis les premières personnes arrivèrent. Lire la suite
- Arno Stern, Les enfants du Closlieu, Editions Delachaux et Niestlé, 1989. [↩]
la revue des échos n°2
Après la revue des échos n°1, voici quatre ans plus tard la suite !
J’ai donc le plaisir de vous annoncer la sortie de la revue des échos n°2, bien pleine (130 pages), qui réunit les articles parus sur le blog de novembre 2017 à juillet 2021.
Le livre est disponible ici
et pour la revue des échos n°1, c’est toujours ici
Le Jeu de Peindre : du particulier à l’universel
“Agis dans ton lieu, le monde s’y tient.
Pense avec le monde, il ressort de ton lieu.”(1)
Il y a plusieurs façons d’envisager le rapport entre individuel et collectif. Nous sommes habitués à une pensée logique, dualiste : soit l’individu s’affirme face au collectif, quitte à en sortir, soit il se plie à celui-ci et disparaît dans l’uniformisation générale. Il existe pourtant une troisième voie, assez évidente, qui est celle que la nature nous donne à voir : la diversité crée de fait un ensemble harmonieux, relié, où l’équilibre n’est pas synonyme d’opposition et de rigidification mais d’évolution concomitante et perpétuelle.
Lorsque l’individu a la possibilité de développer et d’exprimer les capacités qui lui sont propres, il participe au collectif de façon pleine et entière, individuel et collectif ne sont alors plus séparés et se rejoignent naturellement. Lorsque le particulier est accepté, respecté, favorisé, cela crée le contraire de l’uniformisation : une entente entre individus certes différents mais traversés par une nature commune, reliés par tout ce qu’ils ont en eux d’universel. Ceci n’est pas une pensée philosophique mais un constat suite à une expérience très concrète : sept années à m’occuper d’un atelier du Jeu de Peindre dans lequel une quarantaine de personnes de tous âges viennent peindre chaque semaine.
- Édouard Glissant, Poétique volume V : La cohée du Lamentin, Editions Gallimard, 2005. [↩]
Séparatismes et instruction
Cet article a été écrit pour l'association Les enfants d'abord dans le cadre d'un recueil de témoignages sur le sujet de l'Instruction en famille, dont l'existence légale est actuellement remise en question.
Je n’ai pas d’enfants et suis orthophoniste. À première vue, le sujet de l’instruction en famille ne me touche pas personnellement et pourtant… je me sens très concernée pour plusieurs raisons : en tant qu’individu je ne souhaite voir disparaître aucune de nos libertés, en tant que “spécialiste”, mon expérience et ma connaissance de l’échec scolaire m’amènent à penser que la suppression de la possibilité d’instruire en famille serait une catastrophe et enfin, en tant que professionnelle travaillant auprès des enfants et de leur famille j’estime que la liberté éducative est essentielle.
Cette remise en cause de la liberté éducative étant visiblement liée à la nécessité de “lutter contre les séparatismes”, allons au cœur du sujet.
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Après le calme…
Tout le monde sait qu’après le calme vient la tempête. Certaines tempêtes ravagent tout sur leur passage, d’autres revigorent. Lorsque c’est en nous qu’elles montent, nous avons les deux possibilités et en ce moment, à La Lisière comme ailleurs, le vent commence à souffler.
Les inutiles essentiels
Comme tout le monde, nous sommes bien embêtés, et surtout bien empêchés par le confinement: La Lisière et L’Éclos sont fermés.
Ils n’ont pas pour autant disparu et vivent avec ce confinement une expérience inédite : comment se rencontrer sans se rencontrer ?
Nous sommes encore en phase d’adaptation : avec certains la communication se fait par téléphone, avec d’autres par mail ou même courrier postal ! Le noyau dur de La Lisière a décidé de se retrouver en visioconférence parce que nous continuons à vivre et que tout ce que nous construisons et partageons ensemble ne peut pas être balayé par une loi restreignant nos libertés. Mais cela nous pose plusieurs questions : pourquoi continuer, comment et dans quel but ?